Trois femmes sur quatre souffrant d’incontinence urinaire ne consultent pas. C’est ce que montre une étude menée par une équipe de médecins poitevins.

Incontinence urinaire… Le sujet peut prêter à sourire, et rire même, car les plaisanteries fusent tant qu’on n’en souffre pas. Après, c’est autre chose. On n’en parle pas. L’incontinence est un sujet tabou et pas seulement dans l’Hexagone. A tel point qu’une étude (*) menée par le service de gynécologie du CHU de Poitiers publiée cet été dans la revue internationale NeuroUrology and Urodynamics montre que trois femmes sur quatre ne consultent pas. « Les femmes iront voir un médecin si elles ont un problème d’hypertension, d’audition, de vision, etc. mais la question de l’incontinence urinaire ne sera pas abordée, souligne le Pr Fritel, du service gynécologie obstétrique, rattaché au CIC (Centre d’Investigation Clinique) du CHU. Une majorité de personnes pensent qu’il s’agit d’un processus normal du vieillissement et qu’il n’y a pas de solutions. »

Avec l’âge, le risque d’incontinence urinaire augmente, touchant plus de femmes que d’hommes. Près de la moitié des femmes de plus de 65 ans souffrent de ces troubles qui peuvent être légers, ou plus sévères. « Cette affection non traitée a des conséquences importantes au quotidien, impactant la vie sociale, l’intimité, la vie professionnelle, les activités physiques. Cela peut aller jusqu’à la dépression, la perte d’autonomie. Or, il existe des solutions mises en œuvre par des professionnels de santé, elles peuvent être médicales, chirurgicales ou passer par de la rééducation » souligne le praticien hospitalier qui travaille actuellement sur d’autres pistes.

repère:

(*) L’étude s’est déroulée auprès d’une partie de la cohorte Gazel, mise en place en 1989 par l’Inserm, en coopération avec plusieurs services d’EDF-GDF.
Au total, ce sont 20.000 volontaires d’Électricité de France et de Gaz de France qui la composent.
Parmi ce « laboratoire épidémiologique » 2.273 participantes âgées de 50 à 62 ans ont accepté de participer à cette étude longitudinale.

Sylvaine Hausseguy
Source: la nouvelle république