Incontinence, des questions, des réponses, des solutions

DU BOTOX CONTRE L’INCONTINENCE URINAIRE

La toxine botulique (ou botulinique) est une toxine  sécrétée par Clostridium botulinum , la bactérie responsable du botulisme (toxi-infection alimentaire généralement contractée lors de la consommation de conserves et responsable de paralysies musculaires). Il s’agit d’une protéine  dont les propriétés neurotoxiques en font le plus puissant poison connu. C’est à partir de cette toxine botulique qu’est obtenu le Botox.

Depuis 1997 le Docteur SCHURCH a mis au point un traitement de la vessie hyperactive. Cette affection touche 20% de la population de plus de 60 ans.

Le but de cette méthode est de calmer la transmission nerveuse des muscles de la vessie. L’injection se fait directement dans la vessie par cystoscopie. C’est un examen qui se déroule en médecine ambulatoire et qui dure environ une demi-heure. Le médecin explore les parois internes de la vessie grâce à un cystoscope ( souple ou rigide ) qui est un tube mince muni à son extrémité d’une lentille reliée à une source lumineuse.

Dans 80% des cas:

  • il n’y a plus d’incontinence
  • la personne va moins souvent aux toilettes
  • il y a moins de mictions urgentes
  • la personne ne se lève plus la nuit

Cette injection doit se renouveler tous les neuf mois car l’efficacité du Botox diminue dans le temps.

Bruno Lapoujade

Docteur en Pharmacie

 

 

Innovation avec la Toxine Butolique

Le Pr François Haab explique l’action de ce traitement présenté lors du dernier congrès mondial dans les cas d’hyperactivité de la vessie chez la femme.

Paris Match. Rappelez-nous les différentes formes d’incontinence féminine. Pr François Haab. 1. L’incontinence à ­l’effort due à une faiblesse du sphincter urinaire et qui survient par exemple lors d’un sport. 2. Celle liée à une hyperactivité de la vessie qui se contracte à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.

Connaît-on les causes de ces dysfonctionnements ? L’incontinence à l’effort est habituellement la conséquence d’accouchements et du vieillissement qui entraînent un relâchement du sphincter. Quant à l’hyperactivité de la vessie, la perturbation peut être due à son mauvais fonctionnement neurologique ou à une hyperexcitation de sa paroi dont l’origine reste mal connue (liée parfois à un polype ou une petite infection). Dans la ­population générale, de 10 à 12 % des femmes, souffrent d’incontinence, dont 70 % ont plus de 70 ans.

Quels handicaps conduisent le plus souvent à consulter ? Les incontinences dues à une hyperactivité de la vessie altèrent considérablement la ­qualité de vie ! Ces femmes qui ne peuvent absolument plus contrôler la perte de leurs urines ont une vie sociale réduite. La nuit, les envies ­irrépressibles les obligent à se lever plusieurs fois, les exposant à un risque de chute. Et leur sommeil fragmenté entraîne une ­fatigue dans la journée.

Chez le médecin, est-ce un sujet délicat que les femmes ont du mal à aborder ? Aujourd’hui il l’est moins, mais nos ­patientes ne prononcent jamais le mot incontinence, elles disent : “J’ai un problème de ­vessie.”

Quels sont les traitements conventionnels pour la forme d’incontinence liée à l’hyperactivité de la vessie ? Habituellement, on administre en première intention des médicaments relaxants de la vessie qui diminuent son hyperexcitation. Ils sont prescrits seuls ou associés à une réédu­cation du muscle sphinctérien (exercices ou stimulation électrique). Ce traitement médical permet une nette amélioration dans les deux tiers des cas, mais il n’est pas dénué d’effets secondaires : bouche sèche, constipation et, parfois, certains troubles de la mémoire. Aux 30 % des malades résistant au traitement, on propose la mise en place d’un pacemaker de la vessie (un neuro-modulateur qui va réduire l’intensité de l’hyperactivité), nécessitant une intervention chirurgicale. La pile se recharge tous les sept ans et peut être enlevée à tout moment sans risque particulier.

En quoi consiste la dernière approche par toxine botulique ? Cette toxine, une substance synthétisée par une bactérie, a la propriété de diminuer l’excitation musculaire, ce qui ­explique ses multiples indications. ­Récemment, on a découvert qu’on pouvait aussi l’utiliser pour traiter l’hyperactivité de la vessie en y ­introduisant directement le produit (le médecin effectue une anesthésie locale avant les injections de toxine). L’hyperexcitabilité de la vessie diminue quatre à six jours après la séance. La ­patiente reste soulagée six à neuf mois, durant lesquels elle reprend une vie normale. A la réapparition des symptômes, le traitement peut être renouvelé.

Quels sont les risques de ces injections ? Les suites ne sont pas douloureuses. Le seul risque, mais totalement réversible, est une paralysie transitoire de quelques semaines de la vessie (dans 5 % des cas), ce qui nécessitera de diminuer la dose lors d’une prochaine séance d’injections. ­Durant cette période, on éduque la patiente à évacuer sa vessie à l’aide d’une sonde qu’elle introduit et retire elle-même plusieurs fois par jour. C’est fastidieux, mais facile.

Quelles études ont montré l’efficacité de cette nouvelle méthode ? Plusieurs ont été simultanément mises en route en Europe et aux Etats-Unis il y a deux ans sur plus de 500 patientes. Plus de 80 % d’entre elles ont été considérablement soulagées, sans subir d’effets secondaires, durant six à neuf mois. Toutes les études ont montré les mêmes résultats. Ce traitement est déjà couramment utilisé aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne ou en Suède…

* Chef du service d’urologie à l’hôpital Tenon (Paris).

source : parismatch.com